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Finalement, une parole est possible


Jean 4

« Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif et que je ne me rende plus ici pour puiser. » (Verset 15), demande la femme ...que je n’aie plus soif et que je ne me rende plus ici pour puiser. Son objet de demande consiste à combler une corvée : puiser de l’eau. Elle veut être satisfaite une fois pour toute. Elle voudrait ne plus être caractérisée par ce geste répétitif de puiser de l’eau. Elle ne veut plus avoir soif.


Par ailleurs, la réplique de Jésus s’oriente sur autre chose : « Va, appelle ton mari et viens ici. » (Verset 16). Cette parole installe la femme dans son lieu de manque. Un manque qu’elle voudrait esquiver et qu’elle n’arrive pas à nommer. La femme voulait supprimer le va-et-vient rendu par la figure de « puiser ». Sa suppression consisterait dans l’«avoir de l’eau vive ». Mais la parole ne valide pas ici ce parcours. Elle amène la femme dans son lieu de souffrance, non point par complaisance, mais dans le but de dire, de nommer ou de parler à partir de ce manque, de cette soif.


L’enjeu ne semble pas au niveau de l’eau à boire – et jusqu’à la fin du récit, on ne verra pas Jésus en train de boire de l’eau. L’enjeu ne réside-t-il pas dans les transformations qui s’opèrent chez les acteurs, exprimées par ce passage des objets de complétude à la nomination de l’incomplétude ? Bien qu’elle fasse souffrir, cette incomplétude réclame pourtant et pour le moment le désir d’être nommée.


« Je n’ai pas de mari », parlera la femme. Elle peut finalement dire une parole ; une parole qui pointe sa souffrance et cela de la bouche de la concernée elle-même. Bien que cette parole soit rectifiée par son interlocuteur, il semble que tout se joue déjà dans ce lâcher-prise dont témoigne la femme.


En ce temps de carême, oserions-nous nommer non seulement nos manques, nos vides qui en ces jours se présentent sous le visage de la solitude, de l’isolement, de la panique, de la peur, mais aussi oser advenir des « sujets » de parole marqués par la soif de l’autre ? Une soif toujours inassouvie.


Gaston M

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