Historique
J’avais partagé ces intuitions aux participants de la première rencontre. Plusieurs d’entre eux avaient exprimé d’une part leur sentiment de solitude comme jeunes dans les paroisses et, d’autre part, leur désir de ne pas être un groupe affinitaire, fermé sur lui-même, comme d’autres groupes de jeunes croyants. Il s’agissait à la fois de se rassembler en priorisant les jeunes adultes, mais sans non plus être exclusivement destiné à une génération. […] Ainsi, le groupe a commencé très simplement, en relisant le récit de la naissance de la première communauté chrétienne (Acte 2, 42-47) et à partir d’une question : « À quel genre d’Église pourrions-nous rêver? »
C’est lors des deux premiers mois de partage et de discussion que nous sommes arrivés à dire ce que nous voulions être : une communauté chrétienne missionnaire (CCM). C’est continuellement par ces trois termes que le groupe, depuis, se comprend et s’évalue.
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Avec le temps, les participants du Tisonnier ont senti le besoin de se rassembler pour vivre l’expérience des cellules; pour célébrer leur foi dans l’eucharistie; pour fraterniser dans des fêtes, activités sociales ou sportives; pour s’engager (et se conscientiser) dans le milieu populaire; pour s’éduquer par des formations sur la Bible, la mission, etc. Nous avons, au fil des ans, vécu l’eucharistie dans différents lieux : maisons, chapelle du Centre Victor-Lelièvre (anciennement la Maison Jésus-Ouvrier), résidences de religieux (Oblats ou Jésuites), centre commercial Place Laurier, Centre Québec Ixthus et même la rue (pour des messes de Noël).
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Avec le temps, la communauté a pris une couleur particulière. Elle priorise particulièrement la prise de parole par le plus grand nombre de personnes possible. Les assemblées et les petits groupes sont disposés en cercle. Des moments d’échange et de partage sont toujours donnés. La communauté, dans ses célébrations, a un ton de joie et de simplicité. L’accueil est aussi considéré comme très important. La communauté fait des efforts pour permettre aux gens de faire connaissance, de se sentir les bienvenus. Le langage utilisé est volontairement simple et accessible, mettant de côté les expressions qui ne sont pas comprises par le dernier venu. La communauté accepte de se poser bien des questions : elle ne prend rien comme devant être fait a priori. En ce sens, la Tisonnier se veut une communauté qui apprend de ce qui est vécu, qui favorise également la participation aux prises de décision. Divers lieux et moments ont été créés à cet effet.
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La communauté, d’abord nommée Groupe Ste-Catherine (à cause de la fête patronale du 29 avril, date de sa fondation), puis CCM (communauté chrétienne missionnaire), a choisi le nom propre du Tisonnier de Québec. Pourquoi ce nom de Tisonnier? Au moment où il a été choisi, en janvier 2004, il exprimait bien la conviction théologique de base des participants : Dieu (le feu) est déjà présent en ce monde, ce n’est pas nous qui allons l’y amener. Nous sommes appelés à l’attiser dans la société, dans l’Église et en nous-mêmes.»
(Pierre-Olivier Tremblay o.m.i., L’émergence d’une communauté chrétienne missionnaire. L’expérience du Tisonnier de Québec, thèse de doctorat en théologie pratique, Québec, Université Laval, 2010.)
Consolidation et défis
Plusieurs déplacements ont aussi ponctué l’histoire du Tisonnier. Certains de ces déplacements ont été choisis, comme le changement occasionnel du lieu des célébrations. D’autres ont été subis : la fermeture du Centre Victor-Lelièvre, le départ du fondateur pour Ottawa en 2010.
La communauté a aussi produit au cours des années différents textes clés, précisant les intuitions qui la guident (voir Vision du Tisonnier). Elle a également constaté la nécessité d’adopter certaines instances décisionnelles et participatives (voir Organisation). De 2006 à 2010, le groupe a été impliqué dans une recherche doctorale en théologie pratique, menée par Pierre-Olivier (et citée plus haut).
Participation, créativité et engagements
Le renouvellement de la vie du groupe a été favorisé par une confiance toujours neuve (la foi comme confiance), qui s'est traduit par une culture du questionnement, de la créativité et de la responsabilité partagée. La communauté ne cesse de recevoir sa vie comme on reçoit un cadeau inattendu, et elle se nourrit de la nouveauté qu’y apportent ses participants et les étrangers qu’elle croise sur sa route.
Dans cet esprit, plusieurs activités et projets variés ont vu le jour au fil des années : Journal Participe Présent, groupe de musique MC3, chorale, activités de conscientisation sociale, ateliers sur l’art et la spiritualité, cercles de réflexion et de discussion, randonnées pédestres, visites d’amitié auprès de personnes âgées, etc. Certains de ces activités existent toujours, d’autres se sont éteintes après un certain temps. Sans cesse, la vie continue de se renouveler et de surprendre.
Parmi les autres facteurs ayant favorisé la continuité de la communauté dans le temps, on ne peut passer sous silence l’apport de nombreux partenaires.
La naissance du Tisonnier, racontée par son fondateur, Pierre-Olivier Tremblay o.m.i.
«Le Tisonnier de Québec a débuté le 29 avril 2003 lorsqu’une douzaine de jeunes adultes ont répondu à mon invitation de se rassembler pour vivre une nouvelle façon de « faire Église ». En tant qu’instigateur de la rencontre, j’étais motivé par mon expérience récente, dans la paroisse de Chibougamau, des cellules paroissiales d’évangélisation. Récemment arrivé à Québec, j’avais la conviction qu’il serait pertinent de créer une nouvelle communauté chrétienne composée de cellules, plutôt que de rattacher ces dernières à une paroisse. Dans une lettre que j’écrivais au conseil provincial des missionnaires Oblats de Marie Immaculée le 11 février 2003, je proposais la « plantation d’une nouvelle communauté chrétienne dans la ville de Québec […], orientée, dès sa fondation, par la mise en place d’une approche cellulaire ».